Accord GPEC : une signature de raison !
Comme annoncé précédemment sur notre blog et conformément à nos statuts, le Conseil d’Administration de la CFE-CGC Métiers de l’Emploi s’est réuni, aujourd’hui 23 novembre, pour décider de la position à tenir concernant l’ « Accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au sein de Pôle Emploi ».
Tout d’abord il convient de redire que, pour la CFE-CGC Métiers de l’Emploi, cet accord est loin de correspondre à l’idée que nous nous faisions d’un accord GPEC. Le refus obstiné de la Direction de travailler sur des sujets comme les compétences, connaissances et expériences, afin de mieux anticiper et préparer l’avenir restera une lourde déception, voire une incompréhension pour nous.
Pour une première sur le sujet, cet accord GPEC manque terriblement de vision, se cantonnant au statut d’annexe au document relatif aux principes directeurs de l’organisation simplifiée.
L’essentiel de l’accord est donc axé autour de l’évolution des emplois et plus particulièrement la baisse des charges à venir sur le volet GDD et le besoin de renforcement sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi.
Cette évolution n’est pas le fait de l’accord mais la conséquence de 2 facteurs :
- Une automatisation grandissante des données
Cette évolution Métier, nous semble inéluctable aujourd’hui, au vu des mutations informatiques en cours et à venir (par exemple l’externalisation des AE, la DSN en 2018). Même si tous les outils ne produisent pas encore tous leurs effets ou ne sont pas, encore en place, tout se met en place pour permettre une automatisation encore plus importante du traitement des données.
- Les orientations stratégiques de « Pôle Emploi 2020 »
Cette évolution/modification interviendra donc que cet accord existe... ou pas !
L’accord n’est pas le fait générateur de l’évolution des métiers. Il fixe un cadre en ce qui concerne :
- le processus de mise en œuvre et de suivi
- l’accompagnement des personnes
- la définition les moyens mis à disposition.
Sans cet accord, alors, il n’y a plus aucun cadre, aucune limite, aucun processus, aucun accompagnement, aucune référence réglementaire, mais seulement l’employeur qui s’organisera selon sa seule volonté pour faire évoluer ces métiers.
Une fois ce constat fait, il faut donc se demander ce qu’il convient de faire entre accompagner ce changement ou laisser faire.
Rappelons aussi, que la seule obligation de l’employeur en matière de GPEC, est d’ouvrir une négociation. En cas d’échec, contrairement à ce que certains peuvent dire, l’employeur n’en restera pas là ! Au contraire, il aura les mains libres pour mettre en place un plan d’action qu’il définira à sa guise et sans obligation de prévoir un accompagnement, avec ou sans volet financier.
À nos yeux donc, le principal mérite de cet accord est donc de prévoir un accompagnement et surtout d’inscrire clairement pour le Conseil en Gestion des Droits la notion de volontariat (inscrit dans l’accord dès la 3ème séance). Cela est crucial car aucun conseiller GDD ne pourra être forcé à changer d’emploi.
Un autre mérite est que le processus d’adhésion est clairement défini et qu’il prévoit un droit au renoncement.
- Principe de base, les agents devront être volontaires
- Début 2017 : Entretien Professionnel pour évoquer et formaliser ou pas la transition
- Si transition : formalisation écrite dans l’EP
- Possibilité d’immersion
- Confirmation de son projet de transition par l’agent auprès du manager
- Entretien avec les services RH (acter le projet, élaborer le parcours personnalisé de formation)
- Formalisation des engagements dans un document qui devra être co-signé
Autre déception, il nous semble que la prime de 1400 euros (bruts) n’est pas à la hauteur face à l’abandon complet d’un emploi, même si elle a le mérite d’exister.
La situation est légèrement différente concernant les agents dits « bi-compétents » que l’employeur veut recentrer (sauf exception) sur leur cœur d’emploi. Ici le volontariat ne sera pas recherché mais une prime de 700 euros sera malgré tout versée.
Encore une fois, accord ou pas, ce recentrage se fera. Mais sans accord : pas de prime !
Reste que l’accord ne se résume pas à ces seules mesures. D’autres ont été introduites.
- La CFE-CGC Métiers de l’Emploi a demandé et obtenu que le management soit une composante à part entière de cet accord.
- De même, notre ténacité a permis que le tutorat trouve enfin une vraie place via ce texte.
- Enfin, la question des fonctions supports des établissements regroupés est aussi présente avec un parcours qui, s’il n’a rien de révolutionnaire, a le mérite d’être défini.
C’est donc sans enthousiasme, que notre Conseil d’Administration s’est exprimé en faveur de la signature du texte proposé par 23 voix pour, 1 contre et 3 abstentions.
Il est toujours plus facile de dire NON, de s’opposer quand ce qui est proposé n’est pas vraiment ce que l’on attendait et quand on doit accompagner des évolutions.
- Pouvoir apporter aux agents concernés un accompagnement avec certaines garanties nous a semblé indispensable face à un plan d’action employeur qui pourra alors agir comme bon lui semble.
- Nous attendons de la direction un respect sans faille des termes de l’accord et aussi de prendre en compte la dimension humaine qui ressort de cet accord.
Le changement fait peur, car on ne sait jamais vraiment vers quoi on s’oriente. Cela va-t-il s’arrêter là ou n’est-ce pas le début d’autre chose ? Il est aussi toujours difficile de quitter ce que l’on connaît, ce pour quoi l’on s’est engagé depuis tant d’années, cette part d’identité, cette communauté à laquelle on appartient. Nous ne le savons que trop. La direction doit l’entendre et y être très attentive.
Il est primordial que la direction s’engage maintenant sur une stricte application de cet accord sans se laisser conduire par une logique aveugle des indicateurs d’activité.
À cet égard, nous sommes d’ores et déjà alertés par nos représentants en région sur certains points qui nous incite à la plus extrême vigilance :
- il est indispensable d’adopter un rythme progressif et adapté à une réelle baisse de charge dans le strict respect de l’accord qui dit très clairement que « les principales évolutions se mettent en œuvre progressivement ». Une précipitation aurait comme seul résultat que la surcharge de travail des équipes qui seront en place, avec des débordements sur les ELD et RRA, mais aussi la dégradation du service aux demandeurs et l’allongement du délai de traitement des dossiers.
- La CFE-CGC Métiers de l’Emploi demande à ce que l’outil de calcul des charges ne passe pas avant les managers qui sont les seuls à pouvoir confronter la théorie mathématique à la réalité du management de leur site. Ils doivent être écoutés et entendus. Un réel dialogue de gestion doit avoir lieu sur le sujet. Nous attendons, tout comme les ELD des actes forts dans ce sens dans les meilleurs délais.
- La CFE-CGC Métiers de l’Emploi sera d’une extrême vigilance à ce qui a motivé en partie sa position, le volontariat des agents quittant un emploi en décroissance pour aller vers un emploi en croissance, soit strictement respecté.